De Saint-Gilles à Cavaillon (étape 25)
16/04/2024. Départ de Saint-Gilles. La Camargue s’éloigne peu à peu. Nous évoluons avec peine dans des chemins cabossés avant de rejoindre le canal du Rhône. Sur la route, nous rencontrons un cycliste perdu. Les indications ne sont pas toujours simples à repérer. De Bellegarde à Beaucaire, la route est parfaitement lisse. Nous coupons par les campagnes et observons les agriculteurs fauchaient le foin avec leurs engins. Une odeur d’herbe séchée embaume l’air. C’est agréable, me fait remarquer le vieux pap’. Pendant le trajet, nous traversons de jolies petites villes comme Saint-Étienne du Grès ou bien Saint-Rémy-de Provence. Au loin, les roches blanches calcaires de la chaîne des Alpilles réverbèrent la lumière du soleil. En chemin, un cycliste au fort accent nous apprend quelques mots de provençal : Biòu, pour désigner le boeuf, Draio pour chemin. Nous apercevons une couleuvre qui ondule sur l’asphalte chaud. Les derniers kilomètres sont pénibles. Le camping est introuvable à partir des coordonnées du GPS. Une course d’orientation par téléphone s’engage avec la réceptionniste du camping. Nous y sommes.
La Tarasque de Tarascon. Agrippé à son rocher, au pied du château du roi René d’ Anjou, ce montre de l’ancien temps, mi-homme mi-animal, guette les visiteurs pour en faire son festin. Au menu aujourd’hui, deux cyclistes bretons!
De Cavaillon à Manosque (étape 26)
17/04/2024. Un répit pour lire et écrire. J’achève les ouvrages de Sylvain Tesson tassés au fond de ma sacoche. Ils m’auront fait voyager d’une autre façon. Une autre vie, entre d’autres mains, les attend désormais. Je retiens quelques bons passages, dont celui-ci : “Il est rare, en voyage, de vivre des jours conformes aux idées que l’on s’était forgées avant les grands départs. D’habitude, voyager c’est faire voir du pays à sa déception. ” Cette vingt-sixième étape n’échappe pas à la règle de l’écrivain et aventurier. Les déboires mécaniques se sont succédés. D’abord le dérailleur arrière. Après avoir remplacé les plaquettes usées de mon frein, un couinement aigu se fit entendre à chaque coup de pédales. Nous dûmes nous arrêter à plusieurs reprises pour réajuster les pignons en réglant la tension du câble du dérailleur. Quand je dis “nous”, au final, c’est quand même le vieux pap’ qui parvint à régler le problème. Ensuite, le frein à disque arrière. Un frottement léger mais continu attira mon attention. Ce bruit devint obsessionnel au bout de quelques kilomètres. De nouveau, nous marquâmes une pause pour régler le centrage de l’étrier. Cette fois-ci, le problème fut rapidement résolu. Enfin, pendant que nous roulions à vive allure, une branche vint se loger dans ma roue arrière, pliant en deux le garde-boue. Une nouvelle et dernière intervention s’imposa pour retirer cette branche d’une part, mais également le garde boue, complètement défoncé par le choc.
Malgré ces difficultés, nous pûmes néanmoins profiter des paysages verdoyants et escarpés du Colorado provençal. Les collines étaient tapissées de champs d’oliviers, de lavandes et d’arbres à fleurs. Parfois, des villages médiévaux, surplomblant la vallée depuis les hauteurs, nous défiaient de les assaillir. À un moment donné, nous relevâmes le défi en empruntant la route de l’Amphitryon jusqu’à la petite ville de Villemus. La pente est raide. Nos efforts furent récompensés par une très belle vue sur la montagne de Lure (1825 mètres) et ses environs. La descente de la montagne nous mena ensuite directement à notre point d’arrivée, Manosque. Là aussi, une belle surprise nous y attendait.
Nous traversons le petit village des Beaumettes. Ici, sur la photo, on aperçoit des “Beaumes”, sortes de grottes naturelles incrustées dans la falaise qui surplombe le village. Elles sont aujourd’hui réaménagées en maisons troglodytiques et sont habitées.
Le petit village de Villemus perché sur son rocher. Le vieux pap’ est à mes côtés et confirme que la vue est belle. Elle doit l’être alors.
Un gâteau succulent aux arômes de thym pour fêter le seuil des deux milles kilomètres franchi aujourd’hui. Merci à notre hôte de nous faire profiter de ses talents culinaires pour une telle occasion.
De Vinon-sur-Verdon à Draguignan (étape 27)
19/04/2024. Journée sportive. Pour rejoindre Barjols depuis Vinon, nous décidons de traverser Ginasservis, La Verdière et Varage. La route est vallonnée. Nous grimpons puis dévalons les pentes. De Salernes à Flayosc, nous empruntons l’ancienne voie ferrée de Provence. L’allure (re)devient régulière. Nous reprenons notre souffle. Autour de nous, des vignobles à perte de vue. Quelques domaines viticoles affichent des slogans évocateurs: ” le vin du soleil, le soleil dans le vin”. Au loin, le château de Roubine, considéré comme l’un des plus anciens vignobles de France. Nous déjeunons à Pontevès, un joli village perché à proximité des Besillons, collines emblématiques du centre du Var. Au menu : un aïoli simple et une tarte aux fraises. Les derniers kilomètres sont identiques aux premiers : de la pente. D’un côté, nous grimpons en grimaçant. Les jambes se raidissent. Nous recherchons de la vélocité en réduisant au maximum les vitesses. De l’autre, nous descendons avec prudence. Avec les bagages, nos vélos vibrent avec la vitesse. Nous tenons fermement nos guidons, les coudes bien rentrés. Depuis le sommet d’une plaine, nous apercevons enfin Draguignan. L’étape touche à sa fin.
De Draguignan à Montauroux (étape 28)
20/04/2024. Mon premier coup de pompe depuis notre départ. Je garde des séquelles de l’étape précédente. Réveil difficile. Mes jambes sont lourdes sur la route des gorges à hauteur de Figanières. La montée du col de Boussaque me sèche. La descente ne permet pas de reprendre son souffle. Nous roulons face auvent. Notre halte à Bargemon me fait du bien mais le corps réclame du repos. J’engage mes dernières ressources jusqu’à Fayence. Au bar, la serveuse nous indique le camping le plus proche. Fin de l’étape.
Une précision importante. Le vieux pap’ , quant à lui, est frais comme un gardon. Il semble se faire aux cols de montagne. Un vrai chamois!
Une vue depuis le col de Boussaque. Les plaines sont tapissées de pins maritimes et de chênes verts.
À Bargemon, le vieux pap’ m’enseigne l’art de se laver les pieds dans une fontaine d’eau potable, réputée la plus pure du canton. Très instructif.
Un parfait exemple du visage crispé par la fatigue. Nous déjeunons en contemplant les massifs forestiers varois. L’horizon semble sans limites.
De Montauroux à Cagnes-sur-Mer (étape 29)
21/04/2024. Une étape courte (60 kms) et intense en deux volets. Nous empruntons la D562 pour rejoindre Le Tignet. La route est fréquentée et les accotements sont quasi-inexistants. D’abord une courte montée puis une grande descente qui nous fait quitter le Var pour les Alpes-Maritimes. Les virages se prennent serrés en raison du trafic. Ensuite, nous suivons l’avenue du Peygros en direction de Mandelieu-La-Napoule. Nous gagnons la forêt du Peygros et empruntons un sentier côtier avec une forte pente. Les cailloux sont énormes et nous ralentissent. Nous avançons en zigzaguant sur la route ravinée. Enfin, après Mandelieu, la route redevient plane. Nous renouons avec les pistes cyclables bien goudronnées et balisées. Nous poursuivons désormais notre chemin en bord de mer. Cannes, Antibes, Golfe Juan et Cagnes-sur-Mer. Nous roulons au pas pour comtempler les joyaux de la couronne azuréenne.
Auribeau-sur-Sagne. Nous marquons une pause avant d’emprunter un bout du GR51 qui traverse la forêt du Peygros. La piste qui s’annonce est pentue et rocailleuse. En guise de consolation, nous profitons d’un panorama exceptionnel sur la Méditerranée.
La promenade de la Croisette de Cannes. D’un côté, le boulevard est bordé de palaces, boutiques et hôtels de luxe. De l’autre, il est enserré par de nombreuses plages, certaines sont jonchées de bars et restaurants en tout genre. Aux côtés de nos vélos, nous déambulons entre ces deux rives. Ici, le faste côtoie la nonchalance. Le vieux pap’ me demande soudainement : il est où Brad Pitt?
Repos à Nice
23/04/2024.
De Nice à Menton (étape 30)
24/04/2024. Notre dernière étape française. La sortie de Nice se fait sans trop de difficultés. Nous empruntons la route qui borde la mer. Nous entamons la montée du mont de Boron. En chemin, nous nous arrêtons à la grotte préhistorique du Lazaret. Pour être précis, je m’y arrête. Le vieux pap’ préfère surveiller les vélos et regarder la mer. Nous continuons notre ascension.Le panorama nous offre une vue d’exception sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Nous entamons le col d’Eze. La signalétique de la véloroute n°8 est notre boussole. Au tournant d’un lacet, je perds de vue le vieux pap’. Quelques pauses. Toujours pas de vieux pap’. Nous avons emprunté des corniches différentes. Après quelques appels, c’est à la Turbie que nous décidons de nous retrouver. Nous essayons de comprendre ce qu’il vient de se passer.Une fois réunis, nous continuons à travers les routes de montagne. Les pistes cyclables sont désormais absentes. Nous scrutons les plages du Cap d’Ail, les grattes ciels de Monaco, le château médiéval de Roquebrune, puis enfin, la Basilique de Menton, notre destination. Perchés dans les hauteurs, nous observons avant de nous coucher l’ascension d’une lune rousse.
Au pied du mont Boron, nous observons une dernière fois la bien nommée “baie des Anges”. Sous nos yeux, plusieurs nageurs ceinturés d’une bouée se suivent en longeant la côte. En les observant, je me plais à croire qu’ils nous saluent à travers leurs mouvements de bras.
Le cap Ferrat depuis le col d’Èze. Ce col (507 mètres) est une étape réputée de la course cycliste Paris-Nice. Le Tour de France l’a emprunté à plusieurs reprises. De nombreux cyclistes s’y entraînent. J’y croise notamment deux coureurs normands, un père et son fils. Ils me doublent avec une facilité déconcertante. Ils caressent leurs pédales tandis que moi je pioche.
La principauté de Monaco, dit “le Rocher”. Un haut lieu du tourisme aristocratique. Le fief de la famille Grimaldi depuis plus sept siècles.
La jolie ville de Menton où nous nous arrêtons une nuit. Les rues de la ville sont bordées d’arbres fruitiers, en particulier d’orangers et de citronniers. Les ruelles pittoresques du centre historique abritent quant à elles des ateliers d’artistes peintres. Les touristes s’y pressent. Les commerces vendent de nombreux produits dérivés du citron, agrume emblématique de la ville. Le campanile de la basilique Saint-Michel domine la ville.
Le musée du Bastion de Jean Cocteau, où sont exposés les oeuvres du ” Princes des Poètes”. Une pensée amicale au Bon Stéph’ qui l’aurait visité sans la moindre hésitation.
Le vieux pap’ aime pratiquer la callisthénie avec les jeunes mentonnais. L’exercice est simple. Tu saisis la barre fixe. Tu raidis ton corps. Et tu te balances d’avant en arriere sans faire tomber ton bob.
4 Comments
Rémy · 19 April 2024 at 20h23
Bravo tonton et cousin !! Très agréable de suivre votre voyage. Courage à vous
LeBonStef · 23 April 2024 at 14h36
Quel périple les amis ! Grand plaisir à suivre le récit de vos pérégrinations ! Bonne(s) route(s)
GrandLoup · 25 April 2024 at 9h14
Le chamois et la loutre ! Courage ! Bientôt l’Italie !
Soiz · 12 May 2024 at 8h12
Quelle lumière, quelles couleurs somptueuses cette côte méditerranéenne ! Incroyable ! De sacrés points de vue !