De Brest, destination Huelgoat (étape 1)
Vendredi 15 mars, vent de sud-ouest, petite pluie fine avec un bon ensoleillement la matinée, les conditions météorologiques semblent remplies. Du côté des sportifs, les sacoches ont été faîtes, l’appartement nettoyé,le frigo débranché, le gaz éteint (vérifié 3 fois), les derniers “au revoir !”aux copains adressés,…L’aventure commence!
Merci au Mate pour les photos de départ ! Le vieux pap’ surveille a l’air content de partir mais il ignore ce qui l’attend…Les monts d’Arrée !!
Merci à Gilou, le bon ami de Jacky de nous avoir accompagné jusqu’à Landerneau. Les premiers kilomètres ont été agréables en sa compagnie. Il a par ailleurs immortalisé les ultimes réglages avant le départ dans les monts d’Arrée !
15/03/2024.1ere étape: Brest- Houelgoat. Les monts d’Arrée, c’est l’horreur pour commencer un périple à vélo. Ça grimpe… Et ça descend et ça recommence comme ça sur des kilomètres. Certes, les paysages sont dégagés. La faune bretonne, composée d’ajoncs, de bruyère, de lichen et de champs de colza, nous offre un beau spectacle. Mais dommage que nos jambes n’ont pas d’yeux! Pour le coup, elles chauffent fortement avec les variations de rythme et mettent à épreuve le mental de leurs propriétaires. Bref, une première sortie éminemment sportive… de 70 kilomètres jusqu’au Huelgoat : son lac, sa roche tremblante : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Huelgoat
Pour se détendre petite balade à Huelgoat…
Le lac: on y trouve des truites , des perches des brochets. Mais attention! Pas plus de trois poissons péchés par jour.
La roche tremblante est l’une des attractions de Huelgoat.
De Huelgoat à Pontivy par le canal de Nantes (étape 2)
16/03/2024.2eme journée de route. Aussi intense que la précédente. Cent kilomètres sont parcourus entre Huelgoat et Pontivy. Les premiers coups de pédales sont un peu douloureux de la veille. Un épais manteau de brume recouvrent le paysage. Arrivé à Carhaix. Jacky déclare : “on a roulé 100 kilomètres”. “Oui, encore 80 fois la même”, me suis-je dit. Bref. A partir de Carhaix, nous avons rejoins le canal de Nantes que nous avons longé 70 kilomètres. Quel ouvrage quand même ! On y observe un nombre incalculable d’écluses, certaines se jouxtant parfois à quelques centaines de mètres, en particulier a proximité de Glomel. Hormis ce détail – important néanmoins pour les badauds comme nous qui n’ont rien de mieux à faire que de les compter et de les comparer entre elles 😏- le chemin est monotone et invite à l’introspection. Pour raccourcir notre trajet, nous nous écartons une dizaine de kilomètres du canal pour rejoindre Saint Aignan, charmante petite commune a proximité de la forêt de Quernecan. Nous la franchissons en observant quelques rabatteurs poussant le gibier vers un point de “non retour”. Arrivée à Pontivy à 18h30. Une jolie chambre nous attend. Les cuisses sont douloureuses , les mollets aussi. Le moral est bon. Promenade a Pontivy. On apprend que la flamme Olympique y passera! On vient de repérer une couscouserie. Vertige de l’appétit . Je vous laisse deviner la suite….
Une sonatine de mésanges (ou de moineaux peut-être ?).
Je vous ai parlé des écluses,non? Ça mérite une petite photo 😏
C’est la fête à Gouérec ! Cette pose m’a valu une crampe monumentale.
Le repas du midi: pâté Hénaff , crêpes , soupe miso, orange, pains aux céréales, chocolat aux noisettes. On peut noter que le vieux pap’ surveille la flamme du réchaud. Un atavisme préhistorique sans doute 😏
De Pontivy à Malestroit (étape 3)
17/03/2024. Nouvelle étape à vélo. L’effort de la veille a marqué nos corps. Le réveil est tardif et difficile. Nous décidons de réduire la distance pour aujourd’hui (65 kms). Retour sur le canal de Nantes, qui traverse cette fois-ci la vallée de l’Oust. Nous nous enfonçons davantage dans l’arrière pays morbihannais, “l’Argoat”. Petite pause à Rohan, ville éponyme de la Famille Rohan, très vieille noblesse bretonne toujours existante. Nous nous arrêtons dans un bistrot, prêt de la halle centrale. Après un bavardage avec quelques personnes accoudées sur le zinc, nous reprenons la route. Nous roulons aujourd’hui dans des conditions idéales : brise légère, température à 15 degrés, chemins bitumés, paysages dégagés. Nos arrivons à Josselin. Le château des Rohan, flanqué sur les collines au bord de l’Oust nous accueille. Quel spectacle ! Nous visitons la ville et restons déjeuner en face de la Basilique Notre Dame du Roncier. Les discussions s’enchaînent avec le personnel du restaurant et ses clients. Le cycliste chargé et crotté intrigue, dirait-on! Nous parcourons nos 25 derniers kilomètres pour rejoindre Malestroit, cité millénaire. Notre point de chute.
Le château de Rohan avec ses trois tours médiévales, à Josselin.
Jacky qui contemple le chemin…
Jean II de Rohan: Il était l’un des puissants seigneurs bretons au XVeme siècle… Et l’ un des plus beaux aussi 😉
De Malestroit à Blain : la fin du cycle breton (étape 4)
18/03/2024. Le départ est plus tardif ce matin comparé aux jours précédents. Un manque de sommeil à combler, sans doute. Je vais au supermarché pour acheter de quoi petit déjeuner. Devant le magasin, j’observe un vélo recouvert de boue et lourdement chargé. Un drapeau normand est fixé à l’arrière. Un homme sort du magasin et s’avance vers moi : “Belle bécane “, me dit-il en souriant.Je fais la rencontre de Ludovic B. Un cycliste à la retraite achevant un tour du Portugal et de l’Espagne. Ludovic me raconte ses différentes étapes, ses rencontres insolites, ses nuits passées en bivouac… Il parle beaucoup et je n’ose l’interrompre, tant son récit est passionnant. Il évoque une scène où il serait tombé nez à nez avec un taureau sur une route primaire en Espagne. Il me raconte avoir été suivi pendant des heures par une laie et ses marcassins. Plus étrange. Cette nuit passée dans une forêt prêt de Valladolid où, durant son sommeil, il se serait senti littéralement tiré hors de sa tente. Malgré les jours et semaines écoulées, Ludovic me confie qu’il ne sait toujours pas s’il s’est agi d’un cauchemar ou non. Ces anecdotes m’enchantent. Je l’interroge sur sa résistance physique à l’effort. ” Les trois premiers jours ont été difficiles et ensuite plus rien”. Idem sur le logement. ” Je bivouaque la plupart du temps, en tout lieu tout endroit”. Ludovic est une force de la nature et est téméraire. Il m’annonce par ailleurs rouler plus de neuf heures par jour, franchissant régulièrement le cap des 100 bornes. Je réalise en l’écoutant que Ludovic pourrait être une image de moi et mon père au terme de notre périple. Il achève une aventure que nous entamons à peine. Son récit est d’aplomb alors que le nôtre est encore balbutiant. Cette rencontre me marque et me questionne. Je ne dis pas à Ludovic que moi aussi je partage un projet quelque peu semblable au sien. Je ne veux pas de comparaison. Je veux entendre ce récit glorieux et en saisir l’exception, peut être aussi pour en dégager, demain, les communs avec ma propre histoire.
Nous reprenons la route avec le vieux pap’. Étape contemplative. Nous parlons peu et restons concentrés. Les allées d’arbres qui bordent le canal vers Redon nous hypnotisent. Nous contemplons les envolées, tantôt maladroites tantôt majestueuses, des cormorans et des grandes aigrettes. Par endroit, ce sont des escadrons entiers qui se donnent en spectacle. Nous déjeunons à Redon, ville carrefour entre la Bretagne et la Loire Atlantique. Nous laissons dernière nous la vallée de l’Oust. Nous traversons la Vilaine et rejoignons le canal de l’Isac. Chaque coup de pédales nous éloignent maintenant un peu plus de la Bretagne. Une page se tourne. Une autre s’écrit.
L’ hôtel de ville de Redon.
3 Comments
Sauléa · 15 March 2024 at 18h41
Bon courage à vous deux, on suivra tout ça de près !
Grand loup · 21 March 2024 at 11h31
Très chouette description! Le début de votre récit! Je suis impatient de lire la suite!
Romain · 28 March 2024 at 22h00
Quelle belle plume!!! Mais surtout quelle magnifique Bretagne