De Pau à Tarbes (étape 16)

03/04/2024.

Quand les “Gassert de Brest” se retrouvent avec les “Gassert de Tarbes” au restaurant. Les frères d’un côté. Les cousins de l’autre.

La fontaine des quatre-vallées de Tarbes (1897), situé sur la place du marché ( au fond, on aperçoit les halles). Elle évoque les Hautes-Pyrénées. À son sommet, l’ Aurore. À ses pieds, une allégorie des trois torrents (le Gare, l’Adour et l’Echez)qui fertilisent les vallées. Sous la fontaine, on distingue un ours, un aigle et un loup. Une belle oeuvre d’art.

De Tarbes à Montréjeau (étape 17)

04/04/2024.

Un panorama unique sur la chaîne des Pyrénées. Nous marquons une pause au lac de l’Arrêt-Darré. Dommage que la baignade y soit interdite, sinon… . Au fond, du côté gauche, on distingue le Pic du Midi de Bigorre, ici le plus haut sommet, qui culmine à 2876 mètres.

Une vue depuis le toit du domaine de la Paloumère. Nous nous y arrêtons pour passer la nuit. L’endroit est atypique. Historiquement conçu comme relai pour malles-post, le lieu est devenu par la suite une usine en menuiserie. Aujourd’hui, le domaine est consacré à l’hébergement et à l’événementiel. Isabelle et Tony en sont les propriétaires. Gentiment, ils nous font visiter l’énorme bâtisse et nous présentent l’ampleur des travaux initiés depuis vingts ans. Leur vie tout entière est attachée à ce domaine, dont l’aménagement hétéroclite porte l’empreinte de leurs fantaisies. Entre le saule et le cerisier, nous fixons nos deux tentes. Nous observons cette fresque humaine et sociale.

Un troupeau de brebis tondues qui pâturent. Certaines bêlent en nous voyant. J’imagine les utilisations de leur laine: isolation, confection de vêtements, fertilisant… Je les remercie d’un signe de la main !

De Montréjeau à Saint-Girons (étape 18)

05/04/2024.

Le clocher de l’église de Beauchalot qui est en fait une ancienne tour-porte (porterie) datant du XIIIe siècle. On distingue de nombreuses archères.Moins visibles, des graffitis sont gravés à la base de la tour. Ils représentent des tours d’echiquier, emblèmes de la ville.

Une vue d’ensemble depuis le pont de Saint-Martory. Sur la rive gauche, on distingue l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, flanquée au pied du front rocheux de l’Escalère. Au sommet de la colline, on distingue un point blanc. C’est l’oratoire Notre-Dame-de-Poueich. De là, quelques personnes intrépides s’élancent sur une Tyrolienne. Nous les observons depuis notre terrasse de café.

À la suite des brebis, les chevaux. Je m’étonne de penser que pendant des siècles leur exploitation a soutenu le développement de nos sociétés. Je demande au vieux pap’ si l’éventualité d’une balade à cheval pourrait l’intéresser. “Non!“, me dit-il, “tu vas pas t’arrêter à chaque fois comme ça, hein!“. Nous reprenons la route.

De Saint-Girons à Foix (étape 19)

06/04/2024. Le chemin aurait pu être fantastique. De Saint-Girons à Foix, nous empruntons une voie verte sans trop de relief, issue d’une ancienne voie ferrée. De nombreux tunnels, énormes boyaux obscures et frais, ponctuent la route. Nous flottons quand nous nous y engouffrons. Nous croisons le chemin de randonneurs et sportifs en tout genre. Quelques mots sont échangés avec une femme paraplégique “ménalant” (pédaler avec les mains) avec son tricycle. Trois vélo-randonneurs nous font la promo de leur grosse bécane électrique. Soudain, un vent de face fait plier le paysage. Nous pédalons à rebours. Nos efforts s’intensifient à mesure que décroit notre vitesse. Le vélo se fait plus lourd. Au loin, nous distinguons le château de Gaston Foebus. Nous arrivons à Foix. J’accuse le coup. Une grande fatigue me saisit. Un frisson me traverse le corps. Lui, le vieux pap’ se porte à merveille. Il sifflote et s’extasie devant les arbres en fleurs. Je m’effondre dans ma tente et m’endors jusqu’au lendemain. Il est 17 h.

Une vue sur le château de Foix qui abrita au moyen-âge le commandement de la seigneurie comtale de Foix, avant de devenir une caserne au XVe puis une prison au XIXe. Au premier plan, à gauche, un monument aux morts de l’Ariège de la guerre 1939-1945.

À la suite des chevaux, les vaches. Je fredonne un air du groupe Marcel et son orchestre en les observant : “Les vaches dans les prés, il faut les voir de loin. Elles broutent plein de l’herbe et puis des fois du foin. Elles sont belles avec les mouches qui les aiment, meuh, meuh. Qui leur chient dans les oreilles et aussi dans les yeux.

Détente et convivialité à Foix

Le weekend a été propice au repos. Nous profitons de ce dimanche pour visiter la ville de Foix. J’y retrouve les marques de ma première et dernière visite laissées en compagnie du Grand loup. Nous déambulons dans les rues avec le vieux pap’. Un café à la halle aux grains. Un coup d’œil à l’Abattiale Saint-Volutien. Une visite du musée du château. Les lieux nous imprègnent. Le soir, une amie d’enfance nous ouvre les portes de son logis, à deux pas de Tarascon-sur-Ariège. Nous partageons un agréable moment avec sa petite famille. Je découvre à cette occasion qu’elle est la maman de Batman. Anto, son compagnon, évoque le faible enneigement des Pyrénées Ariégeoises en ce mois d’avril. Autour de la table, nous dînons au chaud tous les cinq. Le moment que nous partageons est rare et précieux. Nous le savons.

De Foix à Alzonne (étape 20)

08/04/2024. En ce moment précis, je me plais à croire que la vaillance du cycliste s’apprécie à l’épreuve du vent. Celui qui vient de face, cela va sans dire. Malgré la beauté des lieux, la traversée a aujourd’hui été rude. Le vent de face nous rappelle notre vulnérabilité. Il nous bouscule, nous écrase. Alors que les arbres se courbent sous son autorité et que les oiseaux se laissent porter par son souffle, nous, pauvres extravagants, nous luttons contre lui. Nous parons ses assauts, parfois violents, en misant sur l’effet brise-vent des arbres. Nous jouons avec la mécanique pour réguler notre allure, toujours faible. Nous restons concentrés en tenant fermement nos guidons pour éviter les écarts. Nous pédalons côte-à-côte pour profiter de nos efforts réciproques. De l’extérieur, le combat pourrait sembler absurde. De l’intérieur, il est pourtant sensé. Il met à l’épreuve notre résistance. Il éprouve notre volonté et notre souci de dépassement. Au fond, il nous rappelle à tous deux que nous sommes bien vivants. Et quoi de mieux pour s’en convaincre que de se confronter à la nature ? Le soir au camping, nous affichons des visages grimaçants, mais nous nous congratulons de l’effort accompli. Pour nous récompenser, nous décidons de dormir plutôt dans un chalet qu’en tentes. Nous faisons la rencontre d’un couple de jurassiens cyclo-randonneurs avec lequel nous bavardons de nos journées héroïques. Ils nous annoncent que la journée de demain sera ensoleillée et que surtout, nous aurons un vent de dos.

Petit inventaire de nos affaires avant de reprendre la route. Des fourmis ont élu domicile dans nos sacoches. Mon vieux pap’ s’en fiche: ” Auf, ce ne sont que des fourmis, elles vont pas te manger!” , me dit-il, la mine radieuse.

Nous reprenons notre souffle dans la petite commune de Vals. L’église Saint-Marie, en surplomb, nous observe. Datant du Xe, l’édifice est qualifié de “semi-rupestre” car sa base est enserrée dans la roche. On accède à l’église par une faille rocheuse, puis on grimpe pour atteindre ses parties supérieures. Une expédition spéléologique en somme.

Nous déjeunons dans une charmante petite ville du nom de Mirepoix. A la suite d’une inondation au XIIIe, l’organisation de la ville a été entièrement refondée en damier. Nous nous situons ici dans un petit îlot d’habitation qui constitue la place du marché. Les maisons sont édifiées selon la technique du pan de bois. De larges galeries les abritent et quadrillent la place.

Magnifique voie verte en Pyrénées Cathares. Ici, elle est surnommée le chemin des filatiers, qui désigne “celui qui vend du fil”, en référence à l’activité textile qui a dynamisé le territoire pendant des décennies. Plaisir des yeux donc, mais souffrance des cuisses avec ce satané vent de face.

D’Alzonne à Pouzols-Minervois (étape 21)

09/04/2024. Et ils avaient raison nos amis jurassiens. La journée fut radieuse et le vent a poussé dans notre sens. Depuis Alzonne, nous rejoignons le Canal du Midi, chef d’oeuvre de l’ingénieur Riquet.Nous décidons de l’emprunter jusqu’à Sète. Rapidement, malgré la beauté du paysage, nous sommes incommodés par l’état de la voirie, en rénovation. Les chemins caillouteux ralentissent notre allure et sollicitent notre attention à chaque instant. Parfois, en levant les yeux, nous observons des platanes désagrégés, rongés par le chancre coloré, champignon destructeur. Malgré tout, bien qu’avoir été hier notre bourreau, le vent nous porte aujourd’hui et nous rassérène. Il est notre allié. Le mouvement est fluide et la pédale est légère. Les aspirités de la route se gomment. Désormais, nous ne sommes plus vulnérables, mais forts, puissants. Dans les rues de Carcassonne, je me sens l’âme d’un sportif de haut-niveau.

Un aperçu du Canal du Midi. On distingue ici l’Epanchoir de l’Argent Double (classé monument historique) un pont aqueduc dessiné sur des plans de Vauban et qui permet d’évacuer le trop plein d’eau lors de fortes crues.

La place Carnot à Carcassonne. A gauche, la fontaine de Neptune. Nous nous y arrêtons le temps d’un café et d’une petite dégustation de nougats. Il fait chaud. Nous observons des militaires marcher. On apprend que la ville détient un régiment de parachutistes d’infanterie de marine.

Chouette accueil au camping Les Auberges. Alors que nous étions sans nourritures, les gérants nous proposent de succulents plateaux-repas. Le vieu pap’ est ravi. Moi aussi.

De Pouzols-Minervois à Villeneuve-les-Béziers (étape 22)

10/04/2024.

De Villeneuve-les-Béziers à Sète (étape 23)

Flânerie à Sète, la “Venise du Languedoc”

14/04/2024. Le temps du week-end, nous décidons de faire escale dans la petite cité portuaire de Sète. Elle marque la fin du canal du Midi. Nous sommes rapidement séduits par l’âme maritime de la ville. Les effluves de la cuisine méditerranéenne embaument les ruelles et les quartiers. Entre les canaux et les placettes, nous déambulons pour rejoindre le port de plaisance et les plages. Le Môle Saint-louis, sentinelle des mers, nous indique le chemin. Le fort Saint-Louis, aujourd’hui Théâtre de la Mer, rappelle l’histoire militaire de la ville. Au coeur de ville, le mont Saint-Clair domine. Un ami de longue date, sétois de coeur depuis peu, nous ouvre les portes de son nouveau port d’attache.

Le vélo de Georges Brassens. En compagnie de mon rayon de soleil orthézien, je visite l’Espace dédié à l’enfant du pays. En sus de son biclou, d’autres facettes de sa vie m’interpellent, comme son penchant pour le jazz et son adhésion à la pensée anarchiste. Sur ce point, je retiens le bon mot de son ami Roger Toussenot (1926-1964), qui l’initia en la matière : ” Crois-moi, laisse les sots à leur sottise. Crée des fêtes. Pense à tes amis. Trouve la paix. Redécouvre les voluptés perdues. Deviens l’artisan de ton âme, le musicien de ton silence, l’écrivain de son génie. Et excuse moi de te souhaiter avec un autre comportement. Tu sais bien que mon amitié n’a rien à voir avec les conseils que je te donne. Tu es : cela suffit. Le reste est littérature.

De Sète à Saint-Gilles (étape 24)

15/04/2024.

Une petite colonie de flamands roses qui barbotent paisiblement dans un étang en Camargue. Je suis surpris par le son qu’ils émettent. Ils cacardent comme des oies.

Une des nombreuses pyramides d’inspiration précolombienne de la station balnéaire de la Grande-Motte. Nous nous y arrêtons pour déjeuner en face du port de plaisance. Nous observons les yachts de prestige en nous baffrant de carottes râpées et de cervelas.

Une maison romane à Saint-Gilles, datant du 12e siècle. Au moyen-âge, ce type d’édifice constituait une illustration parfaite de la maison dite “polyvalente”. L’une de ses parties, bien souvent le rez-de-chaussée, occupait une fonction professionnelle, tandis qu’une autre, souvent les étages, était de nature résidentielle.

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1 Comment

sylvie · 7 April 2024 at 21h53

Le vieux pap’ a une autorité de fer et une forme d’enfer !! Ca va être dur Edine ! 🙂

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