De Wiesmoor à Termunterzijl (étape 79)
09/07/2024. Nos derniers coups de pédales en Allemagne. Nous déjeunons au bord du lac du camping avant de reprendre la route en direction de Leer. Le vent nous porte de ville en ville: Strackhort, Badband, Hesel… Les routes fédérales sont quasiment toutes équipées de pistes cyclables. Nous en profitons pleinement. À Leer, nous marquons l’arrêt le temps d’une brève visite du centre historique, composé de maisons de style baroque et classique. En quittant Leer, nous assistons à la bascule du pont (Brücke) Jann-Berghaus. Nous approchons de Bad Nieuweschans, petite ville de la province de Groningue, aux Pays-Bas. Nous cherchons le panneau qui marque la frontière. En vain. Il n’y aura pas la photo souvenir comme à l’accoutumée. Nous virons vers le nord en direction des rives néerlandaises où se situe le Dollard, un bras de mer que le pays partage avec l’Allemagne.
Les tous premiers paysages que nous traversons sont essentiellement agricoles. Les champs s’étendent sur plusieurs kilomètres. Le relief est incroyablement plat. Les routes de campagne, que nous empruntons, forment de longues lignes rectilignes. Les pistes cyclables sont repérables au marquage rouge sur les bordes des routes. Nous voici enfin sur les rives du Dollard. Le village de Termunterzijl est en vue. L’étape s’achève.
En chemin, nous apercevons de vieux moulins à vents particulièrement bien conservés. Certains sont convertis en musées.D’autres en restaurants.
Petite promenade non prévue dans le jardin anglais du château d’Evenburg. L’histoire de la famille Von Wendel, dont le nom résonne comme une référence dans l’histoire de la diplomatie allemande, est liée à ce château.
Nous voici arrivés au tout petit village de Termunterzijl qui compte à peine trois cents habitants. Le village est paisible. Nous songeons à y rester un jour pour nous reposer.
Nous faisons la rencontre au camping de Nicolas et de ses deux enfants. Originaire de Caen, la petite famille s’accorde chaque année un voyage à vélo. Cette année, elle traverse la Hollande et l’Allemagne jusqu’à la ville de Bremen. Les enfants de Nicolas sont épanouis et n’ont pas peur des distances. Nicolas milite pour la promotion du vélo dans le Calvados. Il nous raconte son combat. Ensemble, nous gardons un œil sur les résultats du match France Espagne.
Journée de repos à Termunterzijl
10/07/2024. Enfin un jour de repos! Nous en profitons pour vaquer à nos choses : baignade pour le vieu pap’ et visite des environs, sieste et lecture pour moi. Nous profitons également de ce moment pour nous familiariser avec la nourriture locale. Nous découvrons à cette occasion le Lekkerbek, équivalent hollandais du fish and chips.
De Termunterzijl à Nes (étape 80)
11/07/2024. Au moment d’écrire ces lignes, j’entends le vieu pap’ hurlait dans sa tente. Il vient d’avoir une crampe à la cuisse. La journée a été rude. Encore ce satané vent d’Ouest. Le départ depuis Termunterzijl s’était pourtant bien passé. Le vent était modéré et nous étions fringants. Nous avons suivi l’estuaire du Dollard jusqu’au petit village de Spijk. De carrefour en rond-point, nous avons compris que les comportements des automobilistes néerlandais vis à vis des cyclistes étaient différents par rapport à ceux des allemands. Alors que les allemands freinent ou s’arrêtent lorsqu’un cycliste patiente pour s’engager sur sa voie, les néerlandais n’en tiennent pas compte. Ils continuent sans y prêter attention. Nous poursuivons donc notre route avec vigilance en direction de Uithuizen, un village situé à vingt kilomètres au nord-est de Groningen.
Nous sillonnons de vastes polders entourés par une digue couverte de prairies avec des moutons. La digue est traversée à sa base par une longue piste cyclable que nous suivons. Les champs de céréales s’étendent à perte de vue. Le vent souffle fort. Nous usons de tous les moyens à notre disposition pour résister au mieux : nous ralentissons, nous nous relayons, nous jouons avec le profil de la route, etc. L’effort est maîtrisé mais il coûte cher en énergie. Au niveau du parc national de Lauwersmeer, nous déjeunons dans un petit port de pêche situé dans le village de Lawersoog. J’essaie mes premiers mots en néerlandais avec la serveuse. Le résultat est mitigé. Je recommencerai demain. L’étape du tour de France s’achève au moment de notre café. La vitesse du peloton nous faire rêver. Nous reprenons la route et traversons le parc naturel. Au bord des étangs, nous apercevons une variété d’oiseaux. Ça piaille dans tous le sens. Le camping n’est plus très loin. Nous sommes soulagés d’arriver. La journée a été rude.
Il n’est pas rare de croiser au bord des routes de petits stands où l’on peut se servir des boissons chaudes ou froides, manger quelques produits de la ferme, ou encore récupérer des brochures ou des livres. La contribution est bien souvent libre. La pratique semble bien installée en Hollande, mais aussi en Allemagne. J’ai un doute pour la France.
Depuis la digue, on peut admirer les multiples parcelles qui ont été entièrement gagné sur la mer au cours des siècles passés. Les polders couvrent plus d’un quart du territoire néerlandais.
De jolies petites poulettes nous ont accueillis en fanfare au moment de notre arrivée au camping. Le vieu pap’ discute avec l’une d’elles, tandis qu’une autre inspecte sa tente. J’ouvre un paquet de gâteaux et les voici qui déboulent. Elles me font de l’œil. Je ne résiste pas et leur donne un petit bout. Ça y est, elles se mettent à nous suivre partout.
De Nes à Harlingen (étape 81)
12/07/2024. Petit déjeuner à Wierum ce matin, à la terrasse d’une supérette. Nous échangeons quelques mots avec des passantes. Aujourd’hui, nous espérons franchir l’Afsluitdijk, cette digue de trente deux kilomètres qui relie Wieringen (province de Hollande-Septentrionale) à Súdwest-Fryslân (province de Frise). Nous sommes optimistes. Le vent est de notre côté. Nous reprenons notre escapade le long des côtes néerlandaises patiemment gagnées sur la mer des Wadden. Nous apercevons au loin les îles de la Frise qui la délimitent. Les moutons paissent et bêlent encore et encore. Nous marquons l’arrêt dans un bar à l’ambiance cosy à Dokkum. Je commande en néerlandais. La serveuse a compris. Je suis content.
Nous reprenons la route. Nous restons un bon moment dans les terres avant de rejoindre la zone côtière. Nous traversons de nombreux villages au style relativement épuré. La brique est essentiellement employée dans la construction des maisons, de même que pour les rues et les édifices administratifs ou religieux. L’absence de superflu est frappante. Nous sommes par ailleurs interpellés par l’ingéniosité de certains dispositifs, comme les poubelles à filet destinées aux cyclistes ou l’usage généralisée de la barrière canadienne pour circuler librement dans les prairies. À une dizaine de kilomètres d’Harlingen, les conditions météorologiques se dégradent. La pluie tombe et s’intensifie. Le vent a tourné par ailleurs. Le voici contre nous. Nous décidons de nous abriter à Harlingen. Le vieu pap’ identifie un petit restaurant où nous avalons une délicieuse soupe, ainsi qu’une petite pizza posée au milieu d’une assiette trop grande. La chaleur du repas nous fait du bien. Elle emporte avec elle notre motivation qui s’estompe progressivement, le temps de la digestion. La météo continue d’être exécrable. Nous décidons de nous arrêter pour la journée et de dormir cette nuit à Harlingen.
Une belle maison hollandaise en brique avec une toiture partiellement recouverte de chaume. On distingue un épis de faîtage avec deux têtes de cygnes. Un trou est visible à sa base. Une habitante de Wierum nous a expliqué que ce trou vise à faire rentrer des oiseaux, de type hiboux, pour chasser les petits rongeurs et assainir le grenier. Quelle pragmatisme !
Quelle plaisir de trouver sur sa route ces petits stands avec leurs différents produits. Aujourd’hui, on mange des prunes!
À ce moment précis, ma motivation est proche de zéro. Je veux juste boire mon cappuccino en paix, bien au chaud sous mon plaid.
De Harlingen à Alkmaar (étape 82)
13/07/2024. Je puise dans mes réserves pour rédiger ce petit billet. Encore une fois, l’étape a été rude. Un vent de face. De fortes pluies. Le matin, nous avons profité d’une éclaircie pour visiter le port d’Harlingen. Ensuite, nous avons entamé la traversée de l’Afsluitdijk. La route a cependant été de courte durée en raison d’importants travaux. L’ouvrage est impressionnant. Au tiers de la digue, un bus nous a conduit jusqu’à Wieringen. Avant de reprendre la route, le conducteur du bus nous a confié avoir gardé un mauvais souvenir de ses visites en France, en particulier à Paris. L’impression de se faire souvent arnaquer, nous dira-t-il. En raison du vent, nous décidons de quitter l’EuroVelo 12 pour une route mieux protégée, davantage “dans les terres”. Malgré tout, nous enchainons les averses et le vent reste relativement fort par endroit. Nous nous épuisons à force de ferrailler.
Nous arrivons enfin à Alkmaar. Nous trouvons un camping situé à la périphérie de la ville. Un bref rayon de soleil nous accueille. Quelques instants après nous être installé, je m’endors de fatigue. Le vieu pap’ me réveille pour le repas du soir. Il m’annonce que les prévisions météorologiques sont mauvaises pour demain. Nous réfléchissons à nous rendre à Amsterdam par le train. Nous verrons bien demain.
La ville portuaire d’Harlingen est saturée de canaux de navigation et le flux maritime y est important. En conséquence, les ponts sont fréquemment en activité. Parfois, il faut attendre longtemps, très longtemps avant qu’ils ne soient franchissables. Et il arrive que parfois, certains s’impatientent.
D’Alkmaar à Katwijk (étape 83)
14/07/2024. Une journée découverte du réseau cyclable néerlandais. En soixante kilomètres, nous n’avons pas fréquenté une seule route. Un record. Nous avons emprunté des pistes cyclables et des voies vertes en excellent état. Les pavés étaient bien ajustés. Le goudron était bien lisse. Les pistes étaient bien visibles avec leur couleur rouge ocre. Comme tant d’autres, nous avons suivi les panneaux de signalisation propre aux cyclistes. De même, nous avons traversé les routes après en avoir reçu l’autorisation en appuyant sur le gros bouton. Durant cette étape, les pistes étaient relativement fréquentées. Nous y avons croisé des familles, des sportifs, des jeunes, des promeneurs, des scooters, des cyclotouristes. Les pistes sont partagées.
Néanmoins, malgré un trafic assez dense, nous avons roulé assez sereinement. J’ai trouvé les cyclistes assez courtois entre eux, à condition de respecter les règles élémentaires de conduite à vélo (serrer à droite, indiquer avec les bras tous changements de direction…). Nous avons également fait l’expérience des « fietstraat » ou rues cyclables, dans laquelle les vélos sont prioritaires et les voitures tolérées. Après cette expérience du vélo aux Pays-bas, je ne suis pas sûr de vouloir retrouver de sitôt nos “merveilleuses” routes françaises.
Nous avons profité de la matinée pour faire une petite balade à vélo dans le centre historique d’Alkmaar. Les maisons de canal sont charmantes et la plupart sont anciennes. Certaines ont conservé la poutre au niveau du grenier pour hisser diverses marchandises.
Était-il seulement possible de ne pas prendre cette photo ?
De Katwijk à Rotterdam (étape 83)
15/07/2024. Une belle étape de tout point de vue. D’abord, la météo à été excellente. Le ciel était ensoleillé et le vent faible. Nous avons roulé dans une chaleur douce. Ensuite, la route a été de nouveau à la hauteur de sa réputation, c’est à dire impeccable. Nous avons emprunté les pistes cyclables rouge ocre et suivi les indications pour cyclistes. Encore une fois, nous étions sous le charme des fietstraat et de leurs aménagements. Je ne compte plus les “oh putain” lâchés sous le coup de l’émerveillement. Également, l’étape était remarquable en raison des villes que nous avons traversées. Il y a eu d’abord Den Haag (La Haye) où siège le gouvernement néerlandais et bon nombre de tribunaux nationaux et internationaux, comme la CPI ou la CIJ. La ville est truffé de références aux hommes d’État et juristes néerlandais qui ont façonné et administré les règles de droit du pays, comme Johan Rudolf Thorbecke (1898-1872) ou Johan van Oldenbarnevelt (1547-1719).
Il y a ensuite eu la surprenante ville de Delft où nous ne nous attendions pas à découvrir un centre historique aussi bien conservé. Le Markt de la ville abrite de somptueux édifices, comme l’hôtel de ville de style reconnaissance ou bien la Nouvelle Eglise abritant le tombeau de Guillaume d’Orange (1533-1584), l’un des fondateurs de la nation néerlandaise. Nous flanons quelques minutes le long des canaux bordés de bistrots et de terrasses. Notre regard est fixé sur le clocher penché de l’Ancienne Église de la ville (Oude Kerk). Un panneau nous indique que le tombeau de Wermeer s’y trouve. Nous reprenons la route en direction de la ville portuaire de Rotterdam. Un long canal nous y conduit. Nous trouvons un camping à dix kilomètres du centre. Nous nous y arrêtons. Ici, nous rencontrons deux femmes belges avec lesquelles nous conversons le temps de notre repas du soir. Ça cause français dans le camping. Notre voisin est immatriculé “91”. De jeunes scouts français sont par ailleurs en excursion.
Le Binnenhof qui regroupe les instances décisionnelles législatives et exécutives des Pays-Bas. Nous marchons le long de l’étang de la cour pour compléter les différentes ailes du bâtiment. Au second plan, on distingue les tours de plusieurs ministères (justice et intérieur).
Le vieu pap’ sur la place du marché de Delft. Il scrute les bâtiments résidentiels à façade qui entourent la place rectangulaire du marché. Admirez la pose. Légère flexion de la cheville gauche. Main gauche sur la hanche. Main droite qui tient fermement le guidon du vélo. La tête est dirigée dans le sens du corps. Le bob est vissé sur la tête, de même que les lunettes sur le nez. Le cyclotouriste dans toute sa splendeur !
Une vitrine où sont empilées des meules et des meules de gouda. Tout un symbole aux Pays-bas !
Repos à Rotterdam
16/07/2024. Journée de repos à Rotterdam. Nous flanons dans les larges avenues de la cité portuaire. Les gratte-ciel donnent le vertige. Le pont Erasme avec son pylône courbé domine la Nouvelle Meuse. Non loin, le musée maritime célèbre ses 150 ans. Une averse nous surprend. Nous pénétrons dans l’un des nombreux centres commerciaux de la ville, puis dans une librairie à plusieurs étages, la Donner Bookshop. Le quartier se nomme Cool.
De Rotterdam à Middelburg (étape 84)
17/07/2024. Dernière étape aux Pays-Bas. Demain, nous franchirons ma frontière belge. Le départ du camping est un peu tardif aujourd’hui. Nous faisons la rencontre d’un couple à la retraite qui achève un tour d’Écosse à vélo. Ils ne sont pas à leur premier voyage : Albanie, Kosovo, Russie…et j’en passe. Nous quittons ensemble le camping. L’un d’eux crève un pneu au bout de cinq minutes. C’est ballot. Nous quittons Rotterdam. Arrivés dans la ville de Maaslouis, nous empruntons le bac pour franchir le Scheur. La traversée est courte mais agréable. Nous voici sur l’île de Voorne que nous traversons depuis les terres. Nous nous orientons vers le petit port de Hellevoetsluis pour emprunter le barrage de Haringvliet et gagner ainsi l’île Goeree-Overflakkee. Nous traversons la commune de Goedereede d’Est en Ouest. Nous croisons en chemin des villages à l’allure médiévale. Au loin, nous apercevons des enfants se baigner dans le Grevelingenmeer. Un petit train à vapeur nous surprend. […]
1 Comment
Marek · 13 July 2024 at 14h27
J’aime votre persévérance et votre endurance.